Aishiteru yo ♥ {LIBRE}

* Comment ai-je pu oublier que c'était la Saint Valentin... !? EN PLUS !! *

Cette garce de Shizuka avait bien choisi son jour pour son mauvais coup. Quelque soit le jour, il aurait sans doute eu un traitement du genre, peut-être même pire... Mais pourquoi avait-il fallut qu'il lui "prête allégeance" un TREIZE FÉVRIER, juste avant la SAINT VALENTIN. Comment avait-il pu oublier, il aurait pu se préparer mentalement à une telle humiliation, mais bien sûr, en tout bon célibataire qu'il était, il ne connaissait même pas la date de cette fête. Et il pensait que sa tâche de "chien" se réduirait à vanter les mérites de sa maîtresse ou à chercher des boissons à l'autre bout de la pension chaque fois qu'elle sifflait, mais là...

Chose certaine, l'autre le tuerait. Il ne fallait surtout pas qu'il se réveille maintenant, et qu'il n'entende jamais parler de ce jour maudit. Si personne ne le reconnaissait, cela pouvait peut-être marcher. Leur nombre était restreint sur la planète, certains allaient se demander d'où sortait cette jeune fille si on ne le reconnaissait pas, mais tant pis. Plutôt faire naître une légende urbaine plutôt que de se ridiculiser à vie. Enfin, dans tous les cas, ridicule il l'était déjà de son point de vue. Toutefois, s'il pouvait éviter que ce point de vue soit partagé, ça l'arrangerait vraiment... Qu'est-ce que diraient ses patients ? Ils prendraient leurs jambes à leur coup. Et il serait la risée de tout le monde. Exactement ce que Shizuka cherchait à faire, quoi. Était-elle un tantinet consciente que ce qui l'avait poussé à accepter ce marché c'était de pouvoir assurer sa réputation et ne pas être renvoyé ? Il était possible que oui. Donc ce marché ne l'avait pas du tout sauvé, au contraire il allait maintenant se présenter à lui de bien pires épreuves. Quand il pensait qu'il lui aurait suffit de tout nier en bloc pour que Shizuka passe pour une menteuse avec ces histoires d'étouffements... Il aurait vraiment dû y réfléchir à deux fois.

Enfin. Il était là, en robe à horrible corset, et même des petites chaussures rouges à talons en prime. Au moins, Shizuka n'avait pas réussi à en trouver à aiguilles. Peut-être qu'Arisu était tout simplement réfléchie et n'allait pas faire des talons aiguilles dans un monde où la règle d'or est la survie et la fuite. Pour les sous-vêtements qu'elle avait prévu, c'était HORS. DE. QUESTION. Et puis quoi encore. Quoiqu'il arrive il garde le caleçon, mais tout sauf string et porte-jarretelles. Et qu'elle essaye de vérifier, si elle ose. Son seul salut, c'était une perruque qui était certes très ressemblante à son réel capillaire (mais en plus long, forcément), mais qui pouvait peut-être le rendre moins identifiable. Si on lui avait dit un jour que son salut reposerait sur deux tresses sur la tête, il n'y aurait sans doute jamais cru. Sauf que là, il le prenait vraiment au sérieux. Hors de question de rester dans cette salle où Shizuka allait sans doute venir vérifier. Il ne l'empêchait pas de vérifier, mais pas question d'aller direct dans la gueule du loup. Donc, il n'allait pas vraiment contre les règles...

Mais même s'il passait incognito, il n'était toujours pas dans une situation très avantageuse. Son job de CPE lui permettait d'avoir un certain regard sur la pension et d'entendre parler de tous les ragots qui y circulaient, de la réputation de chacun et de leurs particularités sans même les avoir vus. Et il avait retenu une chose : il ne faisait pas bon d'être une demoiselle par ici, certains garçons trouvant le loisir de flirter avec les midinettes. N'était-ce pas dans la forêt qu'on avait découvert deux adolescents drôlement proches d'approximativement le même âge accompagnés du surveillant le plus connu pour être un dragueur sans vergogne ? Il se souvenait très bien de cette histoire, même s'il n'avait pas pu entendre le nom des deux ado concernés. Qui sait ce qui s'était vraiment passé par là-bas... Le prof de Géographie était soupçonné être Lolicon (bon, du haut de ses 19 ans il pouvait peut-être en réchapper), même le petit Taro était suspect, avec toutes ses filles autour de lui. Ça pour sûr, être une jeune fille qui tombe de nul part un jour de Saint Valentin ce n'était pas bon pour lui. Décidément, plus il y réfléchissait, et plus le plan de Shizuka se montrait infaillible.


Bon, donc, quel était l'emploi du temps pour la journée ? Un simple bal ? Déjà, il ne comprenait toujours pas pourquoi on organisait ce genre de truc dans une situation aussi désespérée, où ils étaient tous ni plus ni moins confrontés à des monstres sur une planète inconnue. C'est généralement pas la première chose à laquelle on pense. Enfin, si ce n'était que ça, ça pouvait aller. Il n'était même pas obligé d'aller dans la salle de réception. ... Sauf que c'était là que Shizuka lui avait donné rendez-vous. Et il devait bien la contenter s'il voulait qu'elle garde son secret. Il l'entendait rire d'ici, allez ce n'était qu'un mauvais moment à passer...

• Valentine's Day

Quand elle se leva le matin du 14 février, Riku entendit partout parler d'un bal à l'occasion de la Saint-Valentin. Au début elle n'y croyait pas car ça paraissait un peu bizarre d'organiser un bal alors que le danger était partout, mais elle fut bien forcée d'y croire puisque tout le monde en parlait. Partout où elle allait, tout le monde se réjouissait du bal et de la Saint-Valentin. Pour Riku, cette fête ne signifiait rien puisqu'elle était célibataire et elle ne voulait pas aller au bal qu'elle trouvait trop contradictoire avec la situation dans laquelle tout le monde se trouvait.

En début d'après-midi, la pirate avait décidé de s'isoler mais elle ne voulait pas s'éloigner du pensionnat. Elle s'était donc assise contre le mur à l'entrée, et lisait un livre de science-fiction. C'est alors qu'elle entendit de nouveau des jeunes filles parler du bal et de la tenue qu'elles allaient mettre. Riku commençait à en avoir assez, pour elle ce jour était un jour comme un autre, elle en avait marre d'entendre toujours la même chose. Et elle voulait surtout comprendre pourquoi le directeur avait organisé un bal alors que la situation était grave. Elle n'avait pas envie de s'adresser directement à lui ou à un membre de la direction. Elle décida de demander à ces filles qui n'étaient toujours pas rentrée dans le pensionnat et qui bavardaient à quelques pas d'elle. Elles étaient sûrement bien renseignées. Riku se leva et vint à leur rencontre.

- Excusez-moi, j'ai entendu votre conversation à propos du bal et je me pose une question depuis ce matin. Est-ce que vous savez pourquoi le pensionnat organise un bal alors qu'il y a des monstres partout et que la situation n'est pas des plus joyeuses ?

Les jeunes filles se mirent à rire puis expliquèrent à Riku que c'était justement pour détendre tout le monde, mettre une bonne ambiance dans le pensionnat et pour créer des liens entre les élèves. Elle remercia ses informatrices puis rentra dans sa chambre. Elle trouvait cette idée un peu stupide mais elle comprenait qu'il était important de remonter le moral des gens après les nombreux évènements tragiques qui étaient survenus. Riku décida alors de se rendre à se bal, pour se changer les idées et pour se faire de nouveaux amis, c'était son côté sociable qui resssortait. Elle ne savait pas vraiment ce qu'allait être ce bal, s'il y aurait à manger ou si c'était juste une fête pour danser. Elle ne connaissait même pas les horaires mais ça ne la dérangeait pas d'être en avance.

La pirate s'apprêtait à partir lorsqu'elle se dit qu'elle devrait peut-être s'habiller en conséquence. Un évènement restait un évènement et même si elle était célibataire, elle pouvait quand même faire un effort et porter une tenue adaptée à un bal. Elle ouvrit alors sa valise et regarda ce qu'elle avait emporté. Comme elle n'avait pas de trèfles, elle ne pouvait pas aller s'acheter une tenue toute faite. Riku n'était pas très féminine mais elle avait quand même emporté quelques jupes. Elle choisit donc un débardeur rose avec une chauve-souris noire au centre, une mini jupe bouffante noire, des collants rayés et des baskets noires parce qu'elle n'avait pas d'autre paire de chaussures. Une fois habillée, elle se regarda dans le miroir et décida de changer de coiffure. Elle détacha ses longs cheveux bleus et les réunit en un chignon négligé. Elle ne s'était pas beaucoup appliquée et des mèches rebiquaient dans tous les sens mais ça ne la dérangea pas, elle trouvait ça original. Riku ne se maquilla pas, elle n'avait pas emporté de maquillage. Elle ajouta à sa tenue un bracelet épais noir et elle était prête.

La jeune fille sortit de sa chambre et se dirigea vers la salle de réception, là où avait lieu le bal. Elle ne croisa personne dans les couloirs, elle ne savait donc toujours pas quand commençait la soirée. Elle ne fit pourtant pas demi tour. Riku arriva devant la salle et hésita avant d'entrer. Elle ne voulait pas avoir l'air bête si la fête ne commençait pas avant plusieures heures ... Cependant, maintenant qu'elle était prête c'était trop tard pour reculer. Elle entra donc à l'intérieur. La salle était décorée spécialement pour la Saint-Valentin : ballons de baudruche en forme de coeur, guirlandes en papier rose, confettis en forme de coeurs ... Tout ce rose n'était pas vraiment au goût de Riku, mais bon passons. Elle repéra une jeune fille aux cheveux tressés devant elle qui était seule. Elle s'en approcha et décida de se renseigner après d'elle. Comme elle était de dos, elle lui attrapa le bras pour attirer son attention.

- Dites, savez-vous à quelle heure commence ce b ...

La personne venait de se retourner, ce qui coupa Riku dans sa phrase. Son visage l'avait intriguée. Malgré la robe et la coiffure, le visage clochait, comme s'il n'allait pas avec tout le reste. Il avait quelque chose de masculin. La pirate eut honte de penser à ça et s'en voulut. Elle s'excusa intérieurement d'avoir pris cette jeune fille pour un travesti. La pauvre, elle ne la connaissait même pas et elle critiquait déjà son physique. Riku essaya de se reprendre comme elle put, en essayant de cacher son hésitation.

- Heu ce bal je voulais dire. Savez-vous quand il commence ?

- Dites, savez-vous à quelle heure commence ce b ...

Une main lui attrapa le bras, il fit volte-face. Parce que quand on a rendez-vous avec la racaille du lycée, on s'attend à n'importe quel mauvais coup par derrière. Mais non, c'était un joli brin de fille qui lui faisait face, aux longs cheveux bleus, habillés plus pour Halloween que pour la St. Valentin, mais pas spécialement intimidante, ni même méchante. Il n'avait eu aucun ragots de quelque sorte qu'ils soient sur elle et elle n'était jamais passée dans son bureau, il s'agissait donc d'une fille avec toute sa tête et suffisamment polie et honnête pour être respectable. Bon point. Il se sentit mal à l'aise de lui avoir fait peur en se retournant peut-être trop rapidement, sur les nerfs (c'est tout du moins l'explication qu'il donne, lui, à ce regard investigateur), mais elle sembla se reprendre. Enfin une discussion calme et posée, ça faisait longtemps.

- Heu ce bal je voulais dire. Savez-vous quand il commence ?

Un blanc, un silence gêné. Ryô avait exactement la réponse à lui donner en tête, normalement il la lui aurait donnée volontiers. Sauf qu'il avait un cerveau, et que heureusement, il avait empêché la gaffe.

Sa voix. Si il y avait bien une chose difficile à masquer, c'était ça. Il avait passé l'adolescence avec succès, sa voix avait passé la mue et il avait -normalement je pourrais ajouter "heureusement", mais dans la situation où il se trouve il faudrait plutôt dire "malheureusement- celle définitive de jeune homme. Et il pourrait bégayer comme il voulait, prendre son ton faible et timide habituel, il doutait que ça suffirait à le faire passer pour une fille. Il n'y avait pas pensé sur le coup, il avait cru qu'il suffirait de jouer le jeu et de rester dans son coin, mais il était coincé. Il n'avait même pas pensé à ne serait-ce que "s'entraîner" pour voir s'il pouvait faire une imitation convaincante, et face à cette petite demoiselle qui l'interrogeait du regard, devant sans doute trouver le temps long, il n'avait pas le droit à l'erreur.

Allez, qui ne tente rien n'a rien. Et il était trop honnête pour prendre la fuite et s'esquiver, elle avait besoin de son aide (oui, il en fait trop.). Il était temps de tester ses talents de comédiens.

Il se laissa tomber à terre, sur les genoux, simulant une crise de toux importante, sans tomber dans la caricature. En fait, il s'en sortait plutôt bien, on jurait qu'il était vraiment malade. Enfin, à force de tousser, il s'était provoqué lui-même une vraie quinte de toux, mais passons. Tant mieux, ça faisait plus naturel. Et grâce à cela, sa voix avait de bonnes raisons d'être rauque et on n'entendait plus trop sa voix masculine derrière la faiblesse de sa gorge qui le faisait chuchoter à moitié.

- Déso... lée... C'est rien... Je crois que... que le bal commence... En fin de matinée.

La question que Riku posa à la jeune femme fut suivie d'un gros blanc. Elle ne comprit pas pourquoi elle mettait tant de temps à répondre, elle n'avait pas l'air de réfléchir à sa question mais avait l'air plutôt paniqué. Peut-être qu'elle n'avait pas entendu la question mais qu'elle n'osait pas faire répéter Riku. Alors elle s'apprêta à le faire d'elle-même mais la jeune femme tomba au sol et se mit à tousser bruyament. Inquiète, la pirate s'accroupit à côté d'elle et posa sa main sur son épaule. Mais au bout de quelques instants, la fille aux tresses arrêta de tousser. Elle s'excusa d'une voix rauque et lui dit que le bal commençait en fin de matinée. Finalement, Riku n'était pas tant en avance que ça.

- Ah d'accord, merci.

Elle se releva et tendit la main vers la jeune femme pour l'aider à se remettre debout. Elle hésita à se présenter car elle avait peur de l'embêter. Pourtant elle était toute seule et n'avait rien d'autre à faire que faire connaissance. Elle trouvait ça plus poli après avoir posé une question à quelqu'un. Et Riku préférait ne pas manquer de politesse. Elle fit donc une petite courbette.

- Je m'appelle Riku Kagi, enchantée.

Se faire une amie ne serait pas de refus, Riku n'en avait pas sur cette planète, elle qui était plutôt sociable en tant normal. Mais malgré tout, la jeune femme lui paraissait bizarre. Si elle mettait du temps avant de répondre, comme il y a quelques minutes, il y aurait un truc louche. A moins qu'elle ait un temps de réaction très lent ... La jeune fille savait que c'était mal d'avoir des préjugés, cependant lorsqu'elle regardait la fille qui était en face d'elle, elle la trouvait étrange. Elle ne savait pas vraiment pourquoi mais elle avait l'air d'être mal-à-l'aise. Riku décida de penser à autre chose, elle ne voulait pas tomber dans la paranoïa.

- Ry... ku, c'est ça ? Enchantée...

A nouveau il faisait semblant d'avoir toujours la voix faible, presque chuchotement pour ne pas être découvert. Par l'habitude, il avait failli révéler de suite son véritable prénom, mais, heureusement pour lui, il commençait pas la même syllabe que celui de son interlocutrice, ce qui lui permit de se rattraper. Bon, maintenant fallait tenir et au moins renvoyer la balle de l'autre côté. Allez, il connaissait la plupart des élèves de nom, il pouvait se débrouiller pour en inventer un qui ne poserait pas de problème.

- Héléna Morita pour ma part.

En revanche, la discussion était dure à tenir. L'autre l'aurait sans doute envoyée balader depuis des lustres sans même prendre le temps de lui répondre, mais lui il n'était pas du tout comme ça, et il se refusait jusqu'à éprouver la moindre exaspération via cette charmante jeune fille qui n'avait rien fait de mal. Il se surprenait presque à espérer que Shizuka vienne vite. Il chassa vite cette idée de la tête : premièrement, il ne se pardonnerait jamais d'avoir hâte de voir son ennemie jurée, deuxièmement elle en profiterait sans doute pour l'humilier, comme en lui soulevant la jupe devant cette jeune élève par exemple. Non, que cette yankee reste où elle était, ça lui ferait des vacances. N'empirons pas les choses.

- Tu sais... En fait, je me demande si ce bal en vaut la peine. J'ai déjà quelques... problèmes médicaux, alors... Je ne vais sans doute pas rester longtemps.

Riku ne remarqua pas l'hésitation de Ryôritsu, heureusement car sinon elle aurait eu de nouveaux soupçons. La jeune femme dit qu'elle s'appelait Héléna Morita. Riku approuva d'un signe de tête puis regarda de nouveau la salle qui commençait à se remplir. Les gens qu'elle voyait arrivaient par deux, une fille et un garçon, et elle se souvint que dans ce genre de fête il était bon de se trouver un partenaire. Cependant elle était seule puisqu'elle ne connaissait personne. Enfin non, il y avait Héléna me direz vous, car même si elles ne pouvaient pas être partenaires, elles étaient au moins deux.

L'arrivée en masse des adolescents indiqua à Riku que le bal allait sûrement bientôt commencer. Héléna reprit la parole à voix basse et elle dit qu'elle n'allait pas rester longtemps à cause de ses problèmes médicaux. Sa phrase éveilla la curiosité de la pirate. Si elle avait des problèmes médicaux c'était sûrement pour ça qu'elle avait été prise d'une quinte de toux.

- Quel genre de problèmes médicaux ?

Riku ne se rendit compte qu'après que c'était un peu malpoli ce qu'elle avait demandé parce que c'était personnel. Elle avait demandé ça parce que ça l'intéressait, en plus elle n'avait rien d'autre à dire alors pour faire la conversation elle avait été obligée de s'intéresser aux paroles d'Héléna. Mais elle se rendit compte de son erreur.

- Pardon, c'est personnel.

Elle sourit pour s'excuser. Soudain la musique commença. Elle se rendit compte qu'elle était sur la piste de danse et recula parce qu'elle ne comptait pas danser. Elle ne voyait pas l'intérêt de danser seule, en plus un bal ce n'était pas une boum, elle ne savait pas comment cela allait se passer alors elle préférait observer d'abord les autres. Des couples se placèrent au centre de la pièce et commencèrent à danser. Héléna avait dit qu'elle n'allait pas rester longtemps ce qui montrait que Riku allait finalement se retrouver seule.

- C'est dommage que tu ne puisses pas rester, le bal vient de commencer en plus.

Voilà qu'elle le questionnait sur sa santé. Qu'allait-il pouvait inventer ? Ça viendrait bien, cette gosse ne devait pas être trop calée en médecine vu son jeune âge... Heureusement pour lui, elle se ravisa par politesse. Dommage que Black ne soit pas conscient, cela aurait été un parfait exemple de politesse qui sauve la vie ! ... Quoique non. Vu la situation dans laquelle il se trouvait, tant mieux que son "colocataire" ne soit pas là.

- C'est dommage que tu ne puisses pas rester, le bal vient de commencer en plus.

- Désolée...

Ça lui brisait le cœur. Bien sûr qu'il avait compris qu'elle ne voulait pas se retrouver toute seule, mais bon, il était dans une situation critique. S'il n'était pas dans cet accoutrement, il l'aurait invitée juste pour qu'elle ne se retrouve pas toute seule. Sauf que, la faute à une certaine personne, il ne pouvait pas. Son mépris envers Shizuka ne fit qu'augmenter. D'ailleurs, qu'est-ce qu'elle faisait celle-là ? Il essaya de la chercher du regard, mais un élément imprévu survint.

- Salut les filles ! Alors on ne danse pas ?

Ayant vécu comme un garçon depuis dix-neuf, c'était la première fois qu'on se permettait de tels attouchements avec lui. Il était même tenté de se dire "ça existe en vrai les gars qui font ça !?" étant un éternel célibataire pas franchement passionné par les histoires des autres. Quoiqu'il en soit, il comprenait les jeunes filles qui réagissaient avec une claque. C'était comme un réflexe naturel qui le démangeait. Mais en tout bon garçon, il aurait ajouté une variante : un poing et non une claque. Mauvaise influence de Black, que voulez-vous. Et il faut avouer qu'il s'agit d'une chose que redoute le plus Ryô : le contact. Sauf que là, il se devait de ne pas réagir comme à son habitude pour minimiser les risques d'être reconnu. Il ne comprenait décidément plus rien à la situation et tout ses reflexes habituels ne réagissaient plus.

- Tu sais que tu es très jolie toi ?
- En fait c'est la première fois qu'on me le dit...

Il répondait n'importe quoi avec un sourire forcé de gêne évidente, mais d'un autre côté c'était vrai. D'abord, c'est assez rare pour un garçon d'être complimenté de cette manière. De plus, bien que pas mal fichu, il n'a jamais vraiment charmé les filles, ou alors ne s'en est jamais rendu compte. Inaccessible malade mental, ça sonne presque poétique. Et... MERDE, C'EST BIEN SHIZUKA, LA-BAS !?

Pas de doute, c'était bien cette garce, qui ne les lâchait pas du regard et qui ne lâchait pas son sourire de deux kilomètres. Il rageait intérieurement, et porté par l'absurde de la situation, il ne sut plus très bien ce qu'il faisait. Mais il le fit.

- Onee-sama ! C'est méchant de m'avoir laissée toute seule ! ♥

Il se jeta sur elle de sa voix la plus niaise possible. Oh god, what was he doing . Si on lui avait dit qu'un jour il jouerait le tourtereau de mademoiselle Ryotaku, il se serait suicidé sur le champ. Pourra-t-il se regarder en face ? Bien sûr il faisait ça pour la ridiculiser, "la grande racaille Shizuka en couple avec une petite happy-go-lucky". Les (stupides) homophobes tireront la gueule, et les autres se ficheront du romantisme caché de Shizuka. Et si son identité à lui restait secrète, cela ne lui causait aucun préjudice... Oui, peut-être pourra-t-il bien se regarder en face. Quoique... N'empêche que c'était bien ses bras à lui passés autour du cou de son ennemie jurée.

Et "Juliette" se fit enlever. Shizuka était tombée dans le panneau et venait de lui accorder quelques instants de répit. Il préférait encore s'engueuler avec elle plutôt que rester en compagnie des deux autres qui risquait à tout moment de découvrir son secret. Même si là au moins, le jeune homme ne devrait plus tenter d'attouchements maintenant qu'il lui avait fait croire qu'il avait un penchant pour les dames. ... Ce qui est vrai, il est hétéro. Seulement comme ils croient que c'était une fille... Bon, je suppose que je me fais bien comprendre là, non ? Sinon c'est qu'il se fait tard et que vous ne devriez pas être sur les forums à cette heure-ci. Bref.

Puis il la laissa s'affairer à l'engueuler et à lui présenter les fameux sous-vêtements avec un air drôlement blasé qui ne correspondait pas réellement à White.

- Bien sûr, j'aurais dû m'en douter que c'était de ta faute. Je pense que je l'aurais sû plus tôt, si l'autre avait ce genre de penchants. B-Black !

Black's return ! Encore un peu dans le gaz, il avait un peu suivi la scène de manière détachée et ne se souvenait même plus quand il était revenu à ses esprits. Mais la simple vue de Shizuka l'avait poussé à se remettre dans l'action, quand bien même il avait apporté un lourd mal de crâne avec lui.

- Tu m'excuseras "onee-sama", mais je ne me souviens pas avoir passé le moindre accord avec qui que ce soit, et surtout pas avec toi.

*D'ailleurs t'auras deux/trois trucs à m'expliquer dès que je nous aurais sortis de là*
*Désolé...*

- D'ailleurs, je me demande ce qui va faire le plus de bruit. Le fait que le CPE un peu inconnu et solitaire se soit fait avoir pour porter une robe, ou bien que la petite rebelle numéro un d'Ashtralia ait des penchants pas très hétéro ? C'est une rumeur tu peux la démentir, mais tu sais comment ça va les rumeurs. Et puis je ne te vois tellement pas avec un garçon après tout, ton image colle parfaitement. Ça risque de te faire perdre +20 points de charisme, non ? Je me demande combien tu as d'ennemis, ici. Ils risquent de trouver l'occasion rêvée.

Mais Ryô était bien loin d'imaginer que Shizuka avait en effet eu une relation à peu près amoureuse auparavant. Et qu'est-ce qu'il s'en fichait royalement...